Table des matières, 2022
Guillaume Adjutor Provost
Factatory, Lyon (France)
February - March 2022


”A people or a class which is cut off from its own past is far less free to choose and to act as a people or class than one that has been able to situate itself in history. This is why — and this is the only reason why — the entire art of the past has now become a political issue.” (John Berger, 1972, Ways of Seeing)

The works that make up the Table des matières [Table of Contents] series have been thought out with reference to popular imagery from picture books, posters or newspapers. More specifically, the image of the rat/mouse is interpreted as a representation of the proletariat, waves of migration and urbanization during industrialization in the West. In the collective imagination, the rat and the plague are inseparable. An idea that can be traced back to Apollo, nicknamed the god of rats. This rodent as a pest is also compared to a stranger that must be chased away before it settles and multiplies. This comparison applies as much to communities crossing borders as to those moving from the countryside to the cities. A metaphor repeated many times to stigmatize certain communities. "We will find this imaginary of the rat, in the 1920s, 1930s, 1940s, in the representation that anti-Semites make of the Jews. It is clearly mentioned in the far-right press: "his rat ears", "his tails of rats"… Moreover, we continue to feel this today. Not so long ago, we had political leaders who, when speaking of the Roma, spoke of rats. It is this same idea, the 'idea of ​​a harmful population, of invaders, which must be destroyed' (Zyneb Dryef, 2015, Dans les murs).

By accumulation, the works produced make use of pen drawings of anthropomorphic rats submerged by emotions: mistrust, sadness, supplication, disdain. Moreover, these emotional states seem to arise from the relationship between the rat and his class consciousness, between peasant rags or bourgeois clothes which transforms him into a social climber. The original drawings - hardly larger than a postage stamp - here take on an almost human scale. The free application of the natural dye produces a diffusion effect, as if the image had been burned onto the support. On the ground, two sculptures obliquely take up the codes of the pictorial works. Sel de la terre is produced using 19th century hemp bags. By paying attention to the multiple repairs that cover the bags, we bring up all the people who have extended the useful life of these objects. The contrast between the hemp natural fibers and the rhinestones renews this tension between what is modest and what puts on a show. Similar approach for Death Culture Dreamed into Existence where about fifteen handkerchiefs having belonged to as many individuals were adorned with a repeated rat motif, folded with attention, then retained in a “cage” made of silver chains.

Guillaume Adjutor Provost would like to thank the team at Galerie Tator / Factatory : Marie Bassano, Laurent Lucas, Félix Lachaize, Quentin Quasevi, fellow artists : Diego Thielemans, Leïla Brett, Frédéric Houvert, Loona Sire, Alice Martin, Clélia Berthier, Claire Amiot, and the Conseil des Arts et des Lettres du Québec.


Exhibited works

Rat consommant un champignon magique, 2022
Black walnut dye and permanent ink on viscose, pine
130 cm x 115 cm

Rat orphelin, 2022
Black walnut dye and permanent ink on viscose, pine
160 cm x 115 cm

Rat suppliant son patron, 2022
Black walnut dye and permanent ink on viscose, pine
160 cm x 115 cm

Rat avec lettre d’éviction, 2022
Black walnut dye and permanent ink on viscose, pine
160 cm x 115 cm

Rat nouveau-riche, 2022
Black walnut dye and permanent ink on viscose, pine
160 cm x 115 cm

Sel de la terre, 2022
Wire cage, 19th century hemp grain bag with previous repairs highlighted with rhinestones
60 cm x 80 cm x 43 cm

Death Culture Dreamed into Existence, 2022
Collection of handkerchiefs adorned with a repeated rat motif, silver chains, acrylic case
9 cm x 31 cm x 27 cm

------------------------------------------------------------------

 



Table des matières, 2022
Guillaume Adjutor Provost
Factatory, Lyon (France)
Février - mars 2022


“Un peuple ou une classe coupé(e) de son propre passé est beaucoup moins libre de choisir et d'agir en tant que peuple ou classe que celui qui a su se situer dans l'histoire. C'est pourquoi — et c'est la seule raison pour laquelle — tout l'art du passé est devenu aujourd'hui un enjeu politique.” (John Berger, 1972/76, Voir le voir)

Les œuvres qui constituent la série Table des matières ont été réfléchies en référence à l’imagerie populaire issue de livres imagés, d’affiches ou de journaux. Plus particulièrement, l’image du rat/souris est interprétée comme représentation du prolétariat, des vagues migratoires et de l’urbanisation pendant l’industrialisation en Occident. Dans l'imaginaire collectif le rat et la peste sont indissociables. Une idée que l’on peut retracer à Apollon surnommé le dieu des rats. Ce rongeur comme nuisible est aussi comparé à un étranger qu’il faut chasser avant qu’il ne s’installe et se multiplie. Cette comparaison s’applique autant aux communautés traversant les frontières que celles passant des campagnes aux villes. Une métaphore maintes fois reprise pour stigmatiser certaines communautés. "On va retrouver cet imaginaire du rat, dans les années 1920, 1930, 1940, dans la représentation que font les antisémites des Juifs. C'est clairement mentionné dans la presse d’extrême droite : "ses oreilles de rats", "ses queues de rats"… On d'ailleurs continue à le ressentir aujourd’hui. Il n’y a pas si longtemps, on a eu des responsables politiques, qui en parlant des Roms parlaient de rats. C’est cette même idée, l’idée de population nuisible, d'envahisseurs, qu’il faut détruire" (Zyneb Dryef, 2015, Dans les murs).

Par accumulation, les œuvres réalisées font usage de dessins à la plume de rats anthropomorphiques traversés d’émotions : défiance, tristesse, supplication, dédain. Davantage, ces états émotifs semblent surgir de la relation entre le rat et sa conscience de classe, entre les haillons paysans ou les habits bourgeois qui le transforme en arriviste. Les dessins originaux — guère plus grands qu’un timbre poste — prennent ici une échelle quasi humaine. L’application libre de la teinture naturelle produit un effet de diffusion, comme si l’image avait été brûlée sur le support. Au sol, deux sculptures reprennent de manière oblique les codes des œuvres picturales. Sel de la terre est produite à partir de sacs en chanvre du 19ème siècle. En portant attention aux multiples réparations qui couvrent les sacs, nous faisons apparaître toutes les personnes qui ont prolongé la vie utile de ces objets. Le contraste entre la fibre naturelle du chanvre et les strass reconduit cette tension entre ce qui est modeste et ce qui se donne en spectacle. Pareille approche pour Death Culture Dreamed into Existence où une quinzaines de mouchoirs ayant appartenus à autant d’individus ont été additionnés d’un motif de rat répété, pliés avec attention, puis retenus dans une “cage” en chaînes d’argent.

Guillaume Adjutor Provost remercie l'équipe de la Galerie Tator / Factatory : Marie Bassano, Laurent Lucas, Félix Lachaize, Quentin Quasevi, les collègues artistes : Diego Thielemans, Leïla Brett, Frédéric Houvert, Loona Sire, Alice Martin, Clélia Berthier, Claire Amiot et le Conseil des Arts et des Lettres du Québec.


Œuvres exposées

Rat consommant un champignon magique, 2022
Teinture de brou de noix et encre permanente sur viscose, pin
130 cm x 115 cm

Rat orphelin, 2022
Teinture de brou de noix et encre permanente sur viscose, pin
160 cm x 115 cm

Rat suppliant son patron, 2022
Teinture de brou de noix et encre permanente sur viscose, pin
160 cm x 115 cm

Rat avec lettre d’éviction, 2022
Teinture de brou de noix et encre permanente sur viscose, pin
160 cm x 115 cm

Rat nouveau-riche, 2022
Teinture de brou de noix et encre permanente sur viscose, pin
160 cm x 115 cm

Sel de la terre, 2022
Cage grillagée, sac à grain en chanvre du XIXème siècle avec réparations antérieures soulignées par des strass
60 cm x 80 cm x 43 cm

Death Culture Dreamed into Existence, 2022
Collection de mouchoirs ornés d'un motif de rat répété, chaînes en argent, étui en acrylique
9 cm x 31 cm x 27 cm