Soif d'illusion / Illusion of the Self, 2024
Guillaume Adjutor Provost
in conversation with
Massimo Guerrera
Kyle Alden Martens
Natasha Sacobie
Karen Tam
Keillor House Museum, Dorchester, NB (Canada)
July 13 - September 2, 2024
[Exhibition catalog]
During the summer of 2024, the Keillor House Museum (Dorchester, New Brunswick) is host to an unprecedented artistic exploration. This exhibition project, conceived by the visual artist Guillaume Adjutor Provost, grew out of a conversation with the museum’s director, Keegan Hiltz, about the revitalization of historical collections through contemporary art practices. Soif d’illusion/Illusion of the Self, presented in the Georgian-style manor built circa 1813, brings together works by five artists: Kyle Alden Martens, Karen Tam, Massimo Guerrera, Natasha Sacobie, and Guillaume Adjutor Provost. In a play on translation, the bilingual title invites reflection on how the perception of self may be shaped by illusions and deep desires. Conceptually, the exhibition draws on the theories of the psychologist Carl Jung (1875–1961), including one about the layers of the human psyche. Jung underscored the distinction between the conscious self – the part of ourselves that we encounter every day – and manifestations of the unconscious, which include suppressed facets, complexes, archetypes, and other psychic elements that creep unbidden into our behaviours and thoughts. In his therapeutic practice, Jung urged his patients to explore their relationship with their domestic space in order to gain insight into their own inner dynamics. In this respect, the heavily decorated spaces of the Keillor House Museum, evidence of its founder’s ambition to conceal his modest origins and typical of Victorian attitudes, offer an ideal setting for exploring the complexities of personal and collective identity.
Each artist addresses the theme with a distinct sensibility. Kyle Alden Martens uses garments as a metaphor for adjustment and integration in his exploration of how queer bodies occupy and transform domestic space. Karen Tam re-creates objects that attest to and probe Chinese historical narratives and diasporic identities. Massimo Guerrera, a pioneer of relational art, proposes a reflection on human interactions through a grouping of sculptures on the dining-room table. Natasha Sacobie, an artist from the Wolastoqey territory, creates works both informed by her ancestors and linked to future generations by combining traditional materials such as porcupine quills, birch bark, and fur with contemporary modes of expression. Guillaume Adjutor Provost, known for his interdisciplinary installations that address class consciousness and vernacular aesthetics, gathers a corpus of utilitarian-looking ceramics in the bedrooms for maids and seasonal workers. Through these multiple voices, the exhibition offers a reflection on domestic space as a site for the projection of fabricated identities.
The choice of the Keillor House Museum as exhibition venue is not fortuitous. Indeed, this setting enables the artists to integrate their works into spaces replete with narratives, creating an immersive experience for visitors. Aside from a few rare artefacts, in fact, most of the objects in the museum’s collection come not from its founders but from many different sources. The house is full of spaces into which personal and collective stories can be projected: a staircase made of noble wood leading to a fictional upper floor, a collection of imported Orientalized dishes, annexes extending the original house, a passageway between the ground floor and the top floor that separates workers from their employers – the possessed from the possessors. Soif d’illusion/Illusion of the Self thus offers a poetic exploration of how we perceive ourselves and shows how our identities are modulated by both domestic and social structures, revealing our innermost and outermost worlds.
The artists acknowledge the support of the Canada Council for the Arts and wish to thank the Keillor House Museum team for their unwavering support and dedication towards the realization of this exhibition.
Photo Credits : Mathieu Léger
Artworks
Guillaume Adjutor Provost
[The workers’ quarters]
Petite monnaie, 2024
14 glazed stoneware vessels containing porcelain stone fruit pits, mirror, steel
335 X 221 X 25.4 cm
Massimo Guerrera
[The dining room]
La réception, 2024
Porcelain, paper, gesso, porcelain powder, bread dough (wheat flour, salt, sugar, yeast)
300 X 122 X 32 cm
Kyle Alden Martens
[The bedrooms]
Shelled Blades, 2024
Silk, silk taffeta, wool, thread
385 X 9 X 0.5 cm (each)
Natasha Sacobie
[The parlour]
Victorian Scissor Holder, 2024
Birch bark, deer hide, bone beads, glass beads, sinew
12 X 8 cm
Ermine Pelt Earrings, 2024
Ermine pelt, 18k gold earring hook, glass beads
31 X 3 cm
Victorian Napkin Ring, 2024
Birch bark, deer hide, porcupine quills
4 X 6 cm
Victorian Quilled Fan, 2024
Birch bark, porcupine quills, glass beads, sweet grass, ostrich feathers
48 X 45 cm
Karen Tam
[The butler’s pantry]
Lakeside Leisure, 2024
Papier-mâché with Chinese newspapers, cardstock, gouache, pigmented India ink
20 X 25 X 13 cm (1)
8 X 9 X 9 cm (6)
------------------------------------------------------------------
Soif d'illusion / Illusion of the Self, 2024
Guillaume Adjutor Provost
En conversation avec
Massimo Guerrera
Kyle Alden Martens
Natasha Sacobie
Karen Tam
Keillor House Museum, Dorchester, NB (Canada)
13 juillet - 2 septembre, 2024
[Catalogue de l’exposition]
Pendant l’été 2024, le Keillor House Museum (Dorchester, Nouveau-Brunswick), devient le théâtre d'une exploration artistique inédite. Conceptualisé par l'artiste visuel Guillaume Adjutor Provost, ce projet d'exposition est issu d'une conversation avec Keegan Hiltz, directeur du musée, sur la revalorisation des collections historiques par le biais des pratiques artistiques contemporaines. L’exposition Soif d’illusion / Illusion of the Self est présentée dans ce manoir de style géorgien construit circa 1813 et réunit les pratiques de cinq artistes : Kyle Alden Martens, Karen Tam, Massimo Guerrera, Natasha Sacobie et Guillaume Adjutor Provost. Par un jeu de traduction, le titre bilingue invite à réfléchir sur la manière dont notre perception de soi peut être façonnée par des illusions et des désirs profonds. Le cadre conceptuel de l'exposition prend appui sur les théories du psychologue Carl Jung (1875-1961), notamment celle des couches de la psyché humaine. Les travaux de Jung on permit de souligner la distinction entre le moi conscient, qui est la partie de nous-mêmes que nous rencontrons au quotidien, et les manifestations de l'inconscient, qui comprennent des aspects refoulés, des complexes, des archétypes et d'autres éléments psychiques qui influencent insidieusement nos comportements et nos pensées. Dans la pratique thérapeutique, Jung a encouragé ses patients à explorer leur relation avec leur espace domestique pour mieux comprendre leurs dynamiques intérieures. En cela, les espaces lourdement décorés du Keillor House Museum, témoins d'une ambition à dissimuler les modestes origines de son fondateur et typiques des attitudes victoriennes, établissent un cadre idéal pour explorer les complexités de l'identité personnelle et collective.
Chaque artiste aborde ce thème avec une sensibilité distincte. Kyle Alden Martens utilise les vêtements comme métaphore de l'ajustement et de l'intégration, explorant comment les corps queer occupent et transforment l'espace domestique. Karen Tam, quant à elle, recrée des objets qui témoignent et interrogent les récits historiques et les identités diasporiques chinoises. Massimo Guerrera, pionnier de l'art relationnel, propose une réflexion sur les interactions humaines à travers un ensemble de sculptures sur la table de la salle à manger. Natasha Sacobie, artiste du territoire Wolastoqey, réalise des œuvres informées par ses ancêtres et liées aux générations futures, en combinant des matériaux traditionnels comme les piquants de porc-épic, l'écorce de bouleau et la fourrure avec des modes d'expression contemporains. Guillaume Adjutor Provost, connu pour ses installations interdisciplinaires qui abordent la conscience de classe et les esthétiques vernaculaires, rassemble un corpus de céramiques d'apparence utilitaire dans la chambre des domestiques et des travailleurs saisonniers. En réunissant ces voix multiples, l'exposition offre une réflexion sur l'espace domestique comme lieu de projection des identités réelles et fabulées.
Le choix du Keillor House Museum comme lieu d'exposition n'est pas fortuit. En effet, ce contexte permet aux artistes d'intégrer leurs œuvres dans des espaces chargés de narratifs, créant ainsi une expérience immersive pour le spectateur. Hormis de rares artéfacts, on peut déjà souligner que la plupart des objets qui constituent la collection du musée ne proviennent pas de ses fondateurs, mais plutôt d'une multitude de sources. Chaque coin de la maison devient un espace de projection où les récits personnels et collectifs se déploient : un escalier en bois noble menant vers un étage fictif, une collection de vaisselles importées et orientalisantes, des annexes prolongeant la demeure d'origine, un passage entre le rez-de-chaussée et le dernier étage s'assurant de séparer les travailleurs de leurs employeurs; les possédés de ceux qui possèdent. En cela, Soif d’illusion / Illusion of the Self propose une exploration poétique de la manière dont nous nous percevons et mène à voir comment nos identités sont modulées par des structures domestiques autant que sociales; révélant nos mondes intimes et extimes.
Les artistes remercient le Conseil des Arts du Canada pour son soutien, ainsi que l'équipe du Keillor House Museum pour son accueil et son dévouement envers la réalisation de cette exposition.
Crédits photo : Mathieu Léger
Œuvres exposées
Guillaume Adjutor Provost
[La chambre des travailleurs saisonniers]
Petite monnaie, 2024
14 récipients en céramique émaillée contenant des noyaux de fruits moulés en porcelaine, miroir, acier
335 X 221 X 25.4 cm
Massimo Guerrera
[La salle de réception]
La réception, 2024
Porcelaine, papier, gesso, poudre de porcelaine, pâte à pain (farine de blé, sel, sucre, levure)
300 X 122 X 32 cm
Kyle Alden Martens
[Les chambres]
Shelled Blades, 2024
Soie, taffetas de soie, laine, fil
385 X 9 X 0,5 cm (chacun)
Natasha Sacobie
[Le parloir]
Victorian Scissor Holder, 2024
Écorce de bouleau, peau de cerf, perles d'os, perles de verre, tendon
12 X 8 cm
Ermine Pelt Earrings, 2024
Fourrure d'hermine, crochet de boucle d'oreille en or 18 carats, perles de verre
31 X 3 cm
Victorian Napkin Ring, 2024
Écorce de bouleau, peau de cerf, piquants de porc-épic
4 X 6 cm
Victorian Quilled Fan, 2024
Écorce de bouleau, piquants de porc-épic, perles de verre, foin d'odeur, plumes d'autruche
48 X 45 cm
Karen Tam
[La cuisine de service]
Papier mâché avec journaux chinois, papier cartonné, gouache, encre de Chine pigmentée
20 X 25 X 13 cm (1)
8 X 9 X 9 cm (6)